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L’IAS censure-t-elle les activistes ?

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L’International Aides Society, qui organise la conférence contre le sida qui s’est tenue à Paris, a coupé au montage trois actions militantes des vidéos officielles retransmettant les sessions. La parole des premiErEs concernéEs compte-elle donc si peu ?

Dimanche 23 juillet au soir. Le co-président de la conférence, Jean-François Delfraissy, donne la parole à la ministre de la santé Agnès Buzin à la plénière d’ouverture de la conférence scientifique organisée par l’IAS à Paris. Les applaudissements se calment, la musique d’intermède baisse, la représentante du gouvernement ouvre la bouche pour entamer son discours.

Des voix se lèvent alors dans la salle : « Shame on Macron ! ». Une quinzaine d’activistes se lèvent et s’installent, dos tourné à la ministre, portant des pancartes rappelant que les coupes budgétaires, la persécution des migrants ou l’abandon des droits des minorités de genre, trois marques de fabrique de la politique de Macron, sont incompatibles avec la lutte contre le sida.

Cette séquence , vous ne la verrez plus dans la vidéo officielle de l’IAS, alors même qu’elle a été enregistrée et qu’elle était visible lundi matin sur la chaine Youtube de l’organisation. Depuis, elle a été coupée au montage (voir la vidéo officielle à 33 minutes et 20 secondes)  pour y retirer l’interpellation de la ministre et les critiques à l’égard de la politique de Macron.

De même la vidéo de la cérémonie de clôture qui s’est tenue mercredi soir était disponible dans son intégralité jeudi matin. Mais elle a ensuite été retirée. On peut craindre que quand elle sera mise en ligne, sans doute lundi, la prise de parole – pourtant négociée avec l’IAS – d’un activiste d’ITPC et son discours très critique envers le laboratoire Gilead – principal sponsor de la conférence – aient aussi été coupés. Voici le discours filmé par un militant de Aides.  J’en publierai bientôt la traduction dans un article séparé.

Enfin, l’interpellation d’une responsable du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, en session mardi, a elle aussi été coupée.

Ce sont donc trois interventions activistes qui ont été supprimées des retransmissions. Il devient difficile de s’en tenir à la simple coïncidence comme explication. Ces suppressions posent plusieurs questions :

Pourquoi et par qui de telles décisions ont-elles été prises ? Le gouvernement français, le Fonds mondial ou Gilead ont-ils fait pression ? S’agit-il d’auto-censure  ?

D’autres coupures ont elles été opérées dans les vidéos de retransmission ? L’IAS a-t-elle supprimé les questions embarrassant ses sponsors ou des responsables politiques lors des débats avec les panels ?

Quel respect l’IAS a-t-elle réellement envers les activistes ? Alors que les blablas officiels n’ont eu de cesse de chanter les louanges des militant-es et l’inclusion des premierEs concernéEs, la réalité est tout autre et l’IAS n’hésite pas à effacer les voix militantes quand d’autres intérêts que la lutte contre le sida sont en jeu.

Comment doivent réagir les activistes ? Depuis la conférence de 2006, un marché avait été conclu entre eux et l’IAS. Les militant-es acceptaient un certain nombre de règles – par exemple, ne pas empêcher le discours d’un speaker. En échange, l’IAS leur garantissait une plus grande visibilité et de meilleures conditions pour assurer leur travail – une salle de réunion, du matériel de photocopies, etc. Or, à Paris, l’IAS a accordé une cage à lapin-es aux dizaines d’activistes qui n’ont donc pas eu d’espace dédié pour se réunir, et ont dû parfois débattre… devant l’entrée des toilettes. Et la visibilité des actions en session est totalement réduite par les décisions de l’IAS de les supprimer des vidéos. Faut-il qu’à Amsterdam, en 2018, les actisites empêchent totalement de parler les ennemi-es de la lutte contre le sida à qui l’IAS donne la parole ? Ces suppressions de vidéos signifient-elles que le marché conclu entre activistes et responsables de la conférence a été rompu unilatéralement par ces derniErEs ?

Sollicité vendredi matin par mail et twitter, l’IAS ne m’a pas répondu.


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